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Œuvres de Nico Muhly, Missy Mazzoli, Keiko Devaux, Nicole Lizée et Jared Miller par l’ensemble Paramirabo.
« Paramirabo ». On pourrait croire que cette appellation exotique désigne un territoire à découvrir par le biais des cinq œuvres très aventureuses qui sont ici réunies, et l’on n’aurait pas totalement tort, dans la mesure où elles témoignent de pratiques assez éloignées des us et coutumes de la planète « contemporaine ». En réalité, l’ensemble québécois, qui force l’admiration par sa maîtrise de la couleur et du mouvement, a trouvé son nom dans le catalogue du compositeur Claude Vivier (1948-1983), aussi inventif et non conformiste que la plupart des artistes, américains et canadiens, inclus à ce panorama. Nico Muhly ouvre le ban avec un Doublespeak qui s’octroie de jolies embardées sur un axe répétitif. Missy Mazzoli (Still Life with Avalanche) va encore plus loin dans l’échappée personnalisée, de même que Jared Miller avec son Leviathan aux trajectoires hallucinogènes. La palme de l’expression hors norme revient toutefois à Nicole Lizée dont la fascinante Music for Body-without-Organs illustre, nous dit-on, l’art du glitch, de la faille technologique. On peut alors entrevoir la manière kitsch, façon Arvo Pärt, de Keiko Devaux (Voix jetées) comme le seul bug de ce magnifique album. Pierre Gervasoni
ATMA Classique/Socadisc.
Shakespeare Songs. A Floral Tribute. Folksongs. At the Graveside. German Songs. Songs of Love. Avec James Gilchrist (ténor), Anna Tilbrook (piano).
Il est grand temps que la musique de Roger Quilter (1877-1953) franchisse le Channel. Native de Brighton, cette figure emblématique de la mélodie anglaise a longtemps été frappée du triple « sceau d’infamie » que sont le dilettantisme, des origines aisées ainsi qu’une homosexualité, alors passible de poursuites pénales. Après des études à Eton, puis au Conservatoire de Francfort, le compositeur ne quittera plus qu’épisodiquement le sol britannique pour l’Europe, pour accompagner au piano des chanteurs dans ses propres mélodies, corpus d’une cent cinquantaine de pièces d’une grande sensibilité, parlant de nature et de jardins, de sentiments, d’émotions. Après Anthony Rolfe Johnson et John Mark Ainsley, le ténor James Gilchrist signe un album magnifique, centré sur les pièces de la première décennie du XXe siècle. Ainsi les six Shakespeare Songs (de 1905 à 1938), entre tragique (Henry VIII) et comédie (As You Like It). Ou les textes évoquant l’univers sensoriel botanique comme Go, Lovely Rose écrit en 1922 sur les vers d’Edmund Waller (XVIIe siècle). Quatre chansons populaires complètent l’ensemble. Le piano délicatement ciselé d’Anna Tilbrook lui prête toute sa fraîcheur et sa poésie. Marie-Aude Roux
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