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Dans le Gard, la ville de Salindres en colère après l’annonce de la fermeture de l’usine Solvay

Sur le pont qui enjambe la voie ferrée et qui permet d’accéder à la plateforme chimique, ils ont installé une tente, des tables, des drapeaux et des récupérateurs d’eau en guise d’obstacles pour empêcher le passage des véhicules. Avec un message inscrit : « Salindres, Solvay m’a tué. »
Depuis plus de dix jours, des salariés de Solvay, une usine spécialisée dans la chimie du fluor, qui produit notamment de l’acide trifluoroacétique (TFA) pour la fabrication de pesticides et de médicaments, sont en grève reconductible. Ils protestent contre la fermeture du site annoncée pour 2025, et la suppression de 68 emplois.
Une vingtaine de salariés, travaillant sur la branche du GIE (structure qui traite le rejet de toutes les usines du site chimique, également propriété de Solvay), resteront en activité. Samedi 5 octobre au matin, ils sont rejoints par plus de 300 habitants venus en famille des villages voisins participer à une marche. Car l’annonce, tombée le 24 septembre de manière brutale, met en émoi tout un bassin d’emploi.
Une première vague de départs pourrait avoir lieu dès janvier. « Personne ne s’y attendait, de la part d’une entreprise qui reverse 400 millions d’euros par an à ses actionnaires », explique Damien Olry, délégué syndical CGT, qui ne croit pas à l’argument économique avancé par la direction : « Ils ferment pour éviter une avalanche de scandales. » Enzo Ferroudji, un autre salarié, « dégoûté et en colère », veut se « battre jusqu’au bout ». Dans cette usine, la moyenne d’âge est de 43 ans. « Nous sommes nombreux à avoir des prêts immobiliers. Certains doivent rembourser 1 200 euros par mois. Nous avons des familles, des charges. »
Salindres, commune de 3 700 habitants située dans le nord du Gard, dans l’ancien bassin minier alésien, s’est construite autour de cette grande plateforme industrielle, apparue il y a cent soixante-neuf ans. « On sait qu’un emploi dans la chimie, c’est quatre emplois indirects. La mort de Solvay, c’est la mort du haut Gard », estime Jean-Louis Peyren, secrétaire de la FNIC-CGT. Dans cette partie du département, fortement marqué par l’histoire des mines, les habitants observent depuis plus de vingt ans les fermetures se succéder : Jallatte, Richard Ducros, Pechiney, Alcatel, Crouzet.
Mais Salindres est aussi une zone de contamination hors norme aux polluants éternels, comme le révélait en février Le Monde. Avec une concentration exceptionnelle et jusque-là jamais détectée dans les sols de ce secteur. La cause ? De gros doutes pèsent sur l’activité de Solvay. « 99,99 % des substances retrouvées dans les eaux autour du site sont fabriquées par Solvay, notamment le TFA et l’acide triflique », avaient déclaré des membres de Générations futures, au moment de l’annonce des résultats.
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